Histoire de la marinière marine nationale

Lʼhistoire de la marinière marine nationale telle quʼon la connait aujourdʼhui commence à partir de 1850 suite à un décret de la marine.

Marine nationale - Marin en mer début du siècle

Le décret de 1858 de la marine française

Le tricot rayé tel quʼil est appelé par les marins ou encore la marinière comme elle sera appellée plus tard pour le grand public uniquement, est devenue le symbole de la marine militaire française, et est lʼimage du style marin.
On dit souvent que les rayures avaient pour objectif de mieux repérer les marins en cas dʼhomme à la mer, mais en réalité cʼest faux. Lʼexplication est plus ancienne et vient de la tradition des gens de la mer de porter des maillots rayés.
Cela remonte à lʼépoque des corsaires et pirates et peut-être même avant. Les rayures permettaient également de différencier les marins des autres corps de lʼarmée, et le nombre de rayures ainsi que leurs largeurs définies très précisément permettait également de différencier un marin français dʼun marin étranger.
Avant 1858, lorsque la marine du Roi de France enrolait des hommes sur ses navires, ceux-ci partaient en mer avec leurs propres habits ce qui donnait un équipage hétérogène, et pouvait être perturbant durant les combats. Le décret de la marine française le 27 mars 1858 consiste à définir de manière précise lʼuniforme des matelots et le code à respecter dans la fabrication de celui-ci qui sera à partir de cette date fourni par lʼarmée.
Lʼarmée française sera ainsi uniformisé.
Le corps du tricot devra compter donc sur le torse et le dos vingt rayures bleu indigo larges de dix millimètres, espacées de vingt millimètres et sur les manches, quatorze rayures bleues indigo espacées de vingt millimètres 21 rayures blanches, chacune deux fois plus large que les 20 à 21 rayures bleu indigo.
Ses manches longues de trois-quarts ne doivent pas dépasser de la vareuse (qui sera portée par dessus), et son encolure évasée monte au ras du cou. Cʼest ce col si particulier que lʼon appelle aujourdʼhui le col bateau. Ce décret indique que pour les seconds maîtres, quartiers-maîtres, marins, chauffeurs et mousses il leurs sera fournis deux chemises en coton tricoté (donc 2 tricots / marinières) qui pourront être renouvelés quʼà partir de 6 mois dʼutilisation.

Le tricot rayé est donc un vêtement de dessous, ou encore sous-vêtement pour les marins, et il se voit lorsquʼils sont à la tâche ou au repos, car lors de cérémonie officielles la vareuse la recouvre. La marinière devient rapidement un symbole car très représentée sur les premières photographies du début du siècle qui cherchait à montrer la vie de tous les jours du marin, le voyageur de lʼarmée française. La marinière est un vêtement de travail à lʼorigine.

La marine nationale et le service militaire

La France de 1798 à 1997 imposait à chaque homme de nationalité française entre 20 et 25 ans de participer pour une durée minimale de 1 an à une formation militaire dans les différents corps de lʼarmée française. Il est facile dʼimaginer que le nombre dʼappelés sous les drapeaux à partir de la période dʼaprès guerre, est de plus en plus important suite à lʼaugmentation de la population. Chaque année de nouveaux appellés rejoignent les rangs de la marine nationale sans parler des soldats de métier. Lʼensemble des marins reçoivent bien entendu leurs uniformes, comprenant la marinière. Même si le nombre dʼuniforme est rationné, chaque marin possède sa marinière en 2 exemplaires et a la possibilité de la remplacer en cas dʼusure ou déchirure à partir de 6 mois dʼutilisation. De plus le marin qui termine son service repart avec son uniforme car il est marqué sous son numéro de matricule à lʼencre indélibile.
On comprend rapidement que ce sont plusieurs milliers de marinières qui doivent, chaque année, êtres approvisionnées à la marine nationale.
Orcival étant basé à Lyon depuis 1940. Sa proximité avec la base navale de Toulon, coeur de la Marine Nationale, facilite grandement la gestion et les livraisons pour lʼarmée qui en fera son fournisseur dès le début des années 40.

Les marins et leurs marinières Orcival
Une marinière authentique de la marine nationale
Marinière Orcival début des années 60, avec pochoirs historique de l'atelier et 3 exemples de plaques de matricule de marin.

Le numéro de matricule

Le numéro de matricule est le numéro assigné à chaque membre de lʼarmée française lors de son incorporation, cʼest-à-dire lors de son entrée dans lʼarmée.
Définit à partir de règles propre à chaque corps dʼarmée, ces matricules ont évolués durant lʼhistoire de la marine, ces numéros permettent de dater les équipements qui étaient marqués.
Le 4 mai 1870, une circulaire définit que chaque marin doit marquer ses effets, exception de ceux qui sont déjà marqués par les fournisseurs (cʼest-à-dire les fabricants). En 1891 la plaque à matricule est créée et donnée à chaque marin, les premières sont en cuivre et laiton. De 1924 à 1928 une modification de la règle intervient définissant la remise à 0 des matricules pour chaque début dʼannée. De 1928 à 1951/52 des informations supplémentaires complètent le numéro de matricule permettant de tracer lʼorigine du marin à son port et son inscription. Cʼest à partir de 1951 que Toulon devient le QG de la marine nationale française, et donc le seul bureau dʼinscription des marins. A partir de 1962 les numéros de matricules sont automatisés et structurés de manière à ajouter toujours plus dʼinformations sur la situation du marin. A partir de lʼan 2000 l'armée imposera lʼannée entière dans le numéro de matricule pour éviter les confusions.

Les marins lors de leur intégration dans la marine nationale se voyaient remettre leur documents officiels avec le numéro qui leur était assigné. Ils recevaient également leurs uniformes accompagnés dʼune plaque métallique et dʼun pinceau permettant de marquer leurs effets personnels avec une encre indélibile. La plaque étant dʼun seul morceau, aucune erreur de matricule par inversion de numéro nʼétait possible. Il nʼy a que les manufactures ou le quartier général qui possédait les pochoirs à lʼunité. Tous les éléments de lʼuniforme devant être marqué : sacs, bonnets, marinières ... pour des raisons pratiques lors des lessives communes, en cas de perte, ou rangements communs lors des traversés à bord des bateaux; mais également en cas de décès, les vêtements permettaient une identification supplémentaire.

La police du matricule est très caractéristique : il sʼagit de «chiffres français». Cette police est très reconnaissable et permet dʼidentifier immédiatement le matricule comme français, avant même dʼen comprendre le code.

La mode et la marinière

Pendant la Grande guerre, Coco Chanel, habituée des stations balnéaires et inspirée par les marins locaux, lance dans sa seconde boutique, à Deauville, le « style marin », avec des marinières courtes. Elle perpétue ainsi la libération du corps de la femme avec un vêtement porté ample, tout en utilisant un tissu simple lors de cette période de pénurie, puisqu’elle achetait son jersey de chez Rodier, le célèbre fournisseur en tissu des grandes maisons.
La rayure passe d’une connotation sulfureuse à une connotation luxueuse et se répand sur tout le territoire. Bien des années plus tard, Karl Lagerfeld, respectant l’héritage de la Maison Chanel, revisitera régulièrement la marinière dans ses défilés, particulièrement pour les collections annuelles de prêt-à-porter estivales intitulées « Croisière ».

À partir de la fin des années 1950, c'est un élément incontournable du vestiaire féminin. Lors de la décennie suivante, après que Jean Seberg apparaisse à l’écran dans "À bout de souffle" vêtue d’une marinière, puis Brigitte Bardot dans "Le Mépris", c’est Yves Saint Laurent dès ses premières collections qui introduit la marinière, de façon détournée, dans la haute couture.

Suivront Jean Cocteau, Pablo Picasso, Brigitte Bardot, le Mime Marceau, qui poseront en marinière pour les photographes.

Le MoMa reconnait Orcival comme la marque de référence